N’Dem

Sénégal

2011 Adduction d'eau, Centrale électro-solaire

NDem, près de Bambey, dans la région de Djourbel, à l’est de Dakar, ne serait qu’un petit village en décomposition déserté par les jeunes, comme tant d’autres villages du Sahel, sans l’aide de citoyens du Nord et le dynamisme de la communauté Baye Fall (courant musulman mouride qui prône les valeurs de tolérance, de travail et de respect) organisée autour de Serigne Babacar Mbow et de son épouse Sokhna Aïssa.
L’exode rural a été inversé à NDem : le village se peuple constamment ; un centre artisanal produit de belles choses, dont des vêtements sans pareils, du cuir et du métal, …, et fait vivre les familles de plus de 300 artisans. Les villageois cultivent également le mil, des légumes et des fruits, et élèvent des chèvres et moutons, grâce notamment au forage qui, dès 1996, alimente en eau potable la population…

… Le forage qui alimentait en eau potable jusqu’à fin 2009… Car le groupe électrogène, gourmand en carburant, puis le réseau sénégalais épisodique et instable, ont eu raison de nombreuses pompes qui ont ruiné le fonds de maintenance de l’adduction.  C’est pourquoi, début 2010, l’ONG des Villageois de NDem et l’Association Solidarité NDem ont décidé de passer aux énergies renouvelables et fait appel à IAS pour envisager l’électrification solaire du pompage.

vue aérienne (d’après Google) du village
L’énergie solaire au Sénégal est régulière, et particulièrement  abondante à la saison sèche (février à mai).
le château d’eau de 35’000 litres, sur le point le plus haut du village

Un projet, dont le but était de pomper plus de 40’000 litres par jour, a été élaboré en urgence par IAS et un financement a obtenu rapidement  grâce à la solidarité de l’État de Genève, de la Ville de Genève et du Fonds Mécénat des SIG.
Il a fallu d’abord faire réhabiliter le forage (soufflage essai de pompage et analyses de l’eau). Puis se battre contre la bureaucratie sénégalaise pour ne pas que les taxes ressemblent à des rançons lors de l’importation des panneaux et pompes.  Et, début juillet 2010, Manuel Charlet, Didier Monnsoh, Joaquina Rios et Bernard Béroud se sont envolé pour le Sénégal pour concrétiser ce projet.

la sortie du forage, avec à droite le local technique (abritant auparavant le groupe électrogène) et, aufond à gauche, le château d’eau

Il a fallut d’abord adapter nos plans à la situation réelle, légèrement différente de celle que nous avions prévue, notamment  à la difficulté de monter les 36 panneaux solaires sur le château d’eau, et à l’éloignement du château par rapport au forage.

On se concerte pour trouver les meilleures solutions. De gauche à droite, photographiés par Manuel Charlet : Fallou Fall, le responsable de l’adduction, Joaquina Rios, Mbaye Diaw, artisan soudeur, Didier Monnsoh, caché par Bernard Béroud, et Aïssa M’Bow.

Pour que les villageois, obligés depuis des mois de se ravitailler en eau à plusieurs kilomètres et à un coût élevé, puissent bénéficier rapidement de l’eau du forage durant les travaux, on mit en marche immédiatement un pompage provisoire alimenté par une série de panneaux posés à même le sol. Ce fut la ruée…

La solution adoptée, qui protége notamment les panneaux contre le vol, fut la construction à côté du local technique et du forage, d’une maison dont le toit (d’environ 6m x 6m) serait formé par 36 panneaux photovoltaïques. On commença par ériger des poteaux en béton et par couler une dalle.
Sangoné Kane, un ingénieur sénégalais diplômé de l’Ecole d’Ingénieurs de Genève (en même temps que Didier Monnsoh) et qui mène une brillante carrière dans son pays, nous a grandement simplifié les tâches pour acheter le matériel et nous déplacer.

Les maçons ont la chance de pouvoir compter sur l’aide de 4 étudiantes en pharmacie françaises, en séjour solidaire à N’Dem !
Manuel Charlet utilise son harnais pour sécuriser la voltige nécessaire pour fixer les panneaux du haut
Didier Monnsoh et Sangoné Kane améliorent l’étanchéïté du toit
MBaye Diaw soude les cadres. Le local technique a d’abord servi de magasin pour le matériel et l’outillage avant d’abriter les accumulateurs et les commandes électroniques de la pompe.

Le local technique a d’abord servi de magasin pour le matériel et l’outillage avant d’abriter les accumulateurs et les commandes électroniques de la pompe.

On aperçoit les 10 batteries à gauche
Bernard Béroud, Didier Monnsoh et Joaquina Rios fixent et câblent les boitiers de commande
Le panneau de commande.
Il n’y a plus qu’à ériger les murs ; l’alimentation photovoltaïque est déjà en service
La tête de forage avec le compteur de litres pompés

Le 14 juillet, le système de pompage envoya les premiers 2’660 litres dans le réservoir du château d’eau afin d’en faire la vidange. Puis le pompage automatique fut enclenché le 15 à 15h15… Au soleil couchant, 18’825 litres avaient été pompés, et le 16 à 9h12, plus de 52’000 litres. A 11h, plus de 59’000 litres. On arrêta le pompage pour fignoler la sortie du forage et la pompe redémarra à 15h22. A 19h49, on avait pompé 72’000 litres. L’expérience montre que le système peut pomper jour et nuit, au rythme de 2’700 litres par heure, plus de 60’000 litres, avec les 3/4 des panneaux. Le quart restant pourra servir à alimenter la maison en 230V. Le dimanche 17 juillet, la délégation de IAS quitta Ndem le devoir accompli…

Le soleil se couche sur NDem. Mais la pompe continue à tourner grâce à l’énergie accumulée dans les batteries.

L’équipe est satisfaite du travail accompli : de gauche à droite, Didier Monnsoh, Babacar M’Bow, Sangoné Kane, MBaye Diaw, Fallou Fall, Bernard Béroud et Joaquina Rios.